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mercredi, 14 juin 2006

Les cinq clés de la pensée de Sénèque...

Sénèque

Le plus moderne des anciens

1- Redevenir maîtres de notre temps

« Seul le temps est à nous. » C’est notre bien le plus précieux et, pourtant, nous le gaspillons si volontiers ! La vie n’est jamais trop courte, jamais trop longue quand on sait en user, lui donner un sens et non plus simplement la remplir ou s’y accrocher à tout prix. La vieillesse même est « pleine de douceur si l’on sait s’y prendre avec elle ». Nous devons donc apprendre à nous concentrer sur le présent, au lieu de nous consumer dans le regret du passé et la crainte de l’avenir. Nous devons vivre chaque jour comme s’il était le dernier, c’est-à-dire le premier. Seule importe l’intensité du moment vécu, qui devient alors éternel.

2 - “Réduire ses bagages”

Il nous faut également apprendre à nous simplifier, à nous dépouiller. « Regarde tout ce qui t’entoure comme les meubles d’une chambre d’hôtel. » Il ne cesse de dénoncer l’agitation laborieuse des occupatissimi (les gens très pris) que nous sommes, nos bougeottes en tout genre, nos indigestions de lectures, de nourritures extravagantes, de plaisirs éphémères et décevants, d’objets superflus. Nous nous étourdissons au lieu de nous rassembler, nous croulons sous le trop-plein au lieu de nous consacrer à notre perfectionnement moral, notre progrès spirituel.  

3 - Fuir l’opinion

Nous sommes esclaves de l’opinion du plus grand nombre, du « politiquement correct » toujours triomphant. Or, la foule nous fait du mal. L’erreur multipliée n’en devient pas plus vraie. Nous devons affronter le risque – la chance – de la solitude, nous adonner au loisir fécond, aux fréquentations nourricières. Loin de tout prosélytisme, nous ne devons parler qu’à ceux qui sont prêts à entendre. Sans provocations inutiles. « A l’intérieur, dissidence totale ! A l’extérieur, faisons comme tout le monde ! »

4 - Edifier une “citadelle intérieure”

En distinguant « ce qui ne dépend pas de nous » (Epictète) de ce qui en dépend, nous apprendrons à moins souffrir des maux inévitables : la maladie, la souffrance, la mort, les coups du sort. Nous nous aguerrirons. Notre vertu, notre volonté, notre jugement, notre liberté intérieure demeureront en notre pouvoir. En effet, nous souffrons moins des choses que de la représentation que nous nous en faisons, victimes de nos préjugés. Seule l’adhésion à l’inéluctable nous procurera la véritable « tranquillité de l’âme », cette joie grave qui nous escorte jusqu’à la fin.    

5 - “La sagesse est ouverte à tous”

Attention : ce stoïcisme revu et revécu par Sénèque n’est pas une exaltation de l’égoïsme et de l’indifférence. Bien au contraire. Nous appartenons à un cosmos, un ordre naturel, un grand tout. Le sage, tout comme les autres, se doit à la communauté humaine : « Vivre, c’est être utile à soi. Vivre, c’est être utile aux autres. » Même dans sa retraite, il se consacre aux destinataires de ses œuvres, présents et futurs. Tous les êtres méritent le respect, même les esclaves, même les victimes des jeux du cirque, dénoncés en des termes inoubliables par cette conscience très en avance sur son temps. En tout pays, à toute époque, chacun peut s’anoblir s’il le veut : « De n’importe où, on peut s’élancer vers le ciel ! »

 

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